Protéger les femmes en danger de son pays
Soeur Marie Claire, s’occupe des femmes seules et démunies de Lusaka au travers de son projet Changamuka. Elle fut la gagnante du prix Harubuntu 2010 de l’ong belge Echoes Communication. UFFP vous l’a fait découvrir.
Sa mère aimait donner de la nourriture et des habits aux plus pauvres et la jeune Marie Claire a vite pris les habitudes de sa mère. A son tour, elle a décidé de donner et de se soucier des moins nantis qu’elle. A 15ans déjà, elle entre dans la Congrégation des Sœurs Salésiennes à 200km de chez elle à Mbujimayi où elle crée le premier orphelinat de la région ; ce qui lui vaut le surnom/titre de Notre Dame des cas impossibles que lui donne la Sœur Supérieure et Générale des Sœurs Salésiennes à Rome qui lui rend visite à la Congrégation au Congo.
Une sœur très courageuse
Lorsque le génocide commence le 06 Avril 1994, elle est la Supérieure des Sœurs Salésiennes du Couvent de Nyamirambo. Elle est alors responsable de tout le monde en commençant par ses Consoeurs et une centaine de jeunes handicapés. Les sœurs demandent de partir ; mais Sœur Marie Claire est la seule qui peut conduire une voiture. Elle donne la permission à tout le monde et organise leur départ, quand c’est possible. Elle est la seule à rester auprès de ces/ses handicapés.
« J’étais responsable d’une centaine de jeunes orphelins et handicapés et j’étais la seule personne à les protéger. Je ne pouvais donc pas les laisser seuls. En Mai 1994, une jeune française qui travaillait à l’Ambassade de France au Rwanda recevait la permission de circuler pour chercher des sœurs françaises. Et comme notre Congrégation était à côté de la Croix Rouge, elle est passée par là et on lui a parlé de nous. C’est comme ça que j’ai pu faire évacuer la dernière sœur Congolaise qui voulait aussi partir. La Sœur Générale m’a alors téléphoné et me demandait comment je me sentais. Je lui ai dit que j’étais mieux plus que jamais avant, raconte Sœur Marie Claire.
Une sœur pleine de créativité
Au nord de la Zambie, l’unique moyen pour créer des revenus est l’agriculture. Or celle-ci ne rapporte pas beaucoup parce qu’au village personne n’achète les produits agricoles ; tout le monde en a. En période de semis les femmes cachent les semences pour que leurs maris ne les échangent pas contre de la bière, raconte sœur Marie Claire. Dès son arrivée en Zambie, cette sœur crée un projet pour une formation à l’entreprenariat. Je ne pouvais pas continuer à donner la nourriture et les habits seulement ; il fallait aussi apprendre aux gens comment générer leurs propres revenus, dit-elle.
Donner de l’espoir toujours
En 2005, Sœur Marie Claire quitte le nord du pays et est transférée à l’Auxilium qui est un centre des métiers de sa Congrégation à Lusaka. Là à Lusaka elle trouve des femmes exploitées et qui ne sont pas bien payées quand elles ont du travail. Celles qui sont séropositives sont les plus vulnérables parce qu’elles se font facilement chassées de leur travail de peur qu’elles ne contaminent pas les autres au travail et surtout les enfants. Ces femmes devenues des intouchables sont en marge de la société et doivent se prostituer la nuit pour survivre.
Mais Sœur Marie Claire adapte bien son projet de jeunesse au nouveau contexte : elle ne peut pas donner seulement la formation à des gens qui n’auront pas de travail après. Elle démarre alors le projet Changamuka pour éveiller d’abord les consciences en vue de mettre à l’œuvre le potentiel existant dans les bidonvilles de Lusaka. On la connaît au Couvent et on lui laisse la liberté de rendre services comme elle veut. Ainsi dans Changamuka elle crée un entreprenariat basé sur des métiers : elle donne d’abord des cours de commerce, de couture, de cuisine, des cours sur la pisciculture et sur l’élevage de poules. Aujourd’hui, ses élèves produisent et vendent un peu de tout y compris des tissus qu’ils travaillent dans l’atelier de l’Auxilum. Avec un petit capital qu’elle a injecté dans Changamuka certains élèves achètent du poisson qu’ils revendent ensuite. Le profit est alors divisé en deux : une partie revient au couvent et permettra à Sœur Marie Claire de relancer d’autres activités et l’autre partie fait vivre l’élève. C’est de cette façon que des dizaines de femmes autrefois désespérées gagnent leur vie et envoient leurs enfants à l’école.