L’éditorial de la fondatrice de United Fashion for Peace
Ce mot que j’écris ce soir, est le résultat d’un voyage très personnel. C’est mon histoire aussi banale et déchirante soit elle. Mais à travers ce médium, un cri d’espoir pour les femmes et un plaidoyer sur leur résilience et surtout leur créativité. Il est né à une période charnière de ma vie, mais je m’exprime enfin aujourd’hui 8 mars journée internationale pour le droit des femmes et où j’ai été encore, une fois ( ironiquement ou malheureux hasard) confrontée à une épreuve, qui m’endurcit et qui me fait constater, aussi encore une fois, depuis mon veuvage… la difficulté d’être Femme dans un monde impitoyable et de prédation. Un monde où les hommes pensent pouvoir tout faire.
Et pourtant, je ne suis pas à terre et je ne suis pas une victime sans défense, mais une femme consciente d’une réalité sociale objective que l’on vive dans le Nord ou le Sud. Oui je suis encore plus nourrie, plus convaincue de ma force et de cette arme pacifique que je choisis de brandir, à chaque fois que je suis déstabilisée par un contretemps, une épreuve, une difficulté, une perte.
Je mets en mots les maux, sans être une féministe acharnée, mais juste en tant qu’humaine qui se bat pour avoir la pleine place qui lui revient de droit. Et ce, qu’importe les tragédies de ma vie ou de mon siècle. Tout ceci me démontre mon incroyable capacité de faire face. Depuis trois ans entre veuvage et remise en question à mesure que j’observe le Monde face à ses écueils. ses erreurs, ses victoires, qui me font malgré tout par la force du désespoir, car je suis mère, avancer.
On m’a demandé un jour que j’étais honorée par mes sœurs marocaines du réseau WIMEN, invitée pour prendre la parole à Casablanca face à des femmes chef d’Entreprise leader de la région, comment et pourquoi ce parcours de vie?
je leur ai répondu alors spontanément que ma force vive est l’énergie ne venaient pas du fait que j’étais surdiplômée ou fille de, mais du désespoir, ce carburant qui m’a permis de survivre à tout et de constamment me renouveler.
Je suis fille du « jasmin » j’ai quitté mon pays d’origine la Tunisie, il y a prés de vingt ans. Ma « révolution » je l’ai faite bien avant le printemps arabe, dix ans plus tôt. Quittant le régime de Ben Ali.
il y a plus de de dix ans, rêvant de liberté, d’émancipation. J’ai quitté une carrière et peut être même un autre destin, celui de diplomate en Tunisie. L’amour m’avait amenée en France, mais je voulais surtout être libre.
J’avais fui la Tunisie de Ben Ali, moi la fille d’un Ambassadeur de Bourguiba, un héritage qu’il me fallait à tout prix préserver.
Mais ma seconde « patrie » ne m’a pas déroulé ce tapis rouge tant rêvé. J’ai été confrontée très tôt aux affres de la non intégration.
Une longue traversée du désert, mais avec la prise de conscience progressive que ma reconstruction ne pouvait et ne devait venir que de moi-même.
Plongée dans la solitude de mes choix et face à la nécessité de continuellement me repenser, j’ai compris très vite quel était mon chemin. Celui que je continue d’arpenter encore aujourd’hui et qui est ma raison d’être : me mettre au service des femmes et des enfants de ma région. Etre leur voix. Celle des opprimés, des oubliés et des défavorisés.
Mais aussi montrer leur excellence…
Quinze ans plus tôt, du haut de mes années trentenaires, nouvellement établie en France, alors que je continuais à me chercher, je m’étais remise au mannequinat que j’avais quitté adolescente au Canada.
Alors que je résidais en France, j’avais fait les couvertures dans ma région et je militais déjà pour une certaine idée de la beauté !
Ma fibre humaniste me démangeait déjà… mais ce Monde factice allait très vite me lasser.
Entamant une recherche en sciences sociales et criminelle, je ressortais ma casquette de criminologue à Paris, et reprenais une thématique qui me tenait à cœur : les traumas infantiles de guerre et l’embrigadement de l’enfance dans les conflits armés. Une recherche en criminologie qui allait prendre près de sept ans, couronnée par la parution de mes deux essais « Enfance et Violence de Guerre » aux éditions l’Harmattan en 2015.
Un projet né de mes stages onusiens aux Tribunaux Pénaux Internationaux quand j’étais stagiaire auprès des Tribunaux Pénaux Internationaux pour l’Ex Yougoslavie et le Ruanda
Aujourd’hui encore, la question épineuse des « viols de guerre » et des « enfants soldats » continuent de me hanter et font partie des actions que je continuerai de soutenir en vue d’amener peut être une jour, une juste reconnaissance de leur gravité.
Car aujourd’hui encore, ces questions restent endémiques faute d’une réelle volonté politique des pays qui subissent ce fléau avec une fatalité déconcertante pour ne pas dire « complicité » dans certains cas.
Dans la foulée, je suis tombée dans le journalisme, voyant très vite que l’académique n’allait pas nécessairement donner la visibilité méritée à ces questions. C’est aussi partie de là que je me remettais à l’écriture, alors que je l’avais longtemps boudée. Le journalisme après la diplomatie, et le mannequinat militant, allait solidement prendre place dans ma vie.
Un parcours atypique, parfois accidenté, mais surtout le fruit d’un parcours de vie. Le résultat de mes convictions parfois utopistes qui m’ont longtemps mises « hors d’un système » que je trouve de plus en plus déshumanisé.
Mais étant jusqu’au boutiste, pétrie d’un idéalisme effréné, je me rend compte encore aujourdhui que je suis inapte à la compromission ou au consensus.
J’ai commencé par militer pour les femmes africaines en créant en 2010 un panafricain féminin international pour un groupe de presse britannique, une magnifique expérience qui m’a accompagnée pendant près de cinq ans.
Je revenais ainsi à mon Afrique Subsaharienne tant aimée que j’avais quitté trente ans plus tôt, ayant vécu en Afrique de l’Ouest près de dix ans, étant la fille d’un ambassadeur accrédité dans plusieurs pays limitrophes du Sénégal, siège de notre résidence diplomatique alors.
Ma plume avec le temps, était devenue le porte-parole de mon activisme altermondialiste. La cause des femmes et de l’enfance, véritablement mon moteur, allaient paver mon chemin. Prés de quinze ans à écrire et à militer et à organiser des évènements afin d’amener une meilleure lecture des rapports entre les peuples NORD SUD.
Puis survint le printemps arabe, et ma vie a basculé, alors que je perdais violemment mon emploi en France, je voyais les femmes de ma région (Afrique du Nord et Afrique Subsaharienne) rentrer dans une spirale infernale de négation de leurs droits. Je lançais alors UFFP United Fashion for Peace, ma caravane de mode éthique, aujourd’hui Association loi 1901 et webzine, dans l’espoir que mes activités en vue de leur promotion amèneraient une meilleure compréhension des dangers qui guettent les deux rives de la Méditerranée.
UFFP ( United Fashion for Peace ) est née suite à la révolution du jasmin et devait donner le pouvoir aux femmes de ma région. Aujourd’hui, UFFP a plus de DOUZE ans et a à son actif trois caravanes de mode éthique et un média prolifique qui continue de montrer le meilleur de l’éthique des deux Bords, avec un intérêt certain pour les sujets venant du Sud. Tout ceci a été fait par la force du désespoir, sans fonds ni subventions, pour rester libre et garder le ton engagé et militant que je m’étais toujours promis.
C’est fou comment parfois vos propres drames personnels, sont étroitement corrélés à de profonds mouvements historiques.
Dans mon cas ce fut une belle et douloureuse coïncidence. Le projet de ce 3e livre est né suite aux aléas du printemps arabe, alors que mes sœurs d’Afrique entraient progressivement dans un hiver arabe et « sahelien » islamiste et que moi je n’avais plus les moyens d’être rémunérée dans mon métier de journaliste pour continuer mon travail pour elles.
Mais j’ai continué pendant près de douze ans et encore aujourd’hui , à écrire sur elles, c’était une promesse que je devais tenir malgré les aléas matériels, c’était devenu avec le temps, ma raison de vivre…
Oui cela n’arrive pas qu’aux autres, cela est arrivé à moi j’ai été sacrifiée…
Au fur et à mesure de mes interviews de femmes, de mes rencontres, j’étais de plus en convaincue de l’incroyable résilience des femmes. De leur aptitude à rebondir, à créer du néant, à s’en sortir.
Les Femmes d’Afrique ont été des icônes dans l’histoire mais un peu moins aujourd’hui, car on cherche à les museler à tout prix. Car le sexe faible fait peur, on a bien trop vite compris nos pouvoirs et notre incroyable capacité à survivre à tout et à faire mieux.
Pourtant, elles sont le pilier des sociétés, sans elles, il ne saurait avoir un progrès dans la durabilité.
Aujourd’hui, j’aime à me définir, comme « une femme debout » et toutes ces femmes que j’ai rencontrée « sont des femmes debouts » et je les remercie car elles m’ont nourries à travers chacun de leur parcours.
Ces femmes sont toutes admirables, elles ont des combats distincts mais l’on se rejoint toutes dans ce besoin de faire bouger les lignes pour ne plus subir.
Après la parution de mes deux essais sur les enfants et la guerre ( « Enfance et Violence de Guerre » Tome 1 et 2 aux Editions l’Harmattan aout 2015) l’heure était venue de reprendre le projet, laissé en chemin.
Il était important pour moi de mettre en mots, ce combat personnel par tous les mediums possibles
(recherche scientifique, mannequinat, Edition de magazines, Présidence d’Association, défiles éthiques colloques, essais, formations en médecines douces) autant d’armes pacifiques qui m’ont donné du pouvoir pour inverser les fatalités. Ce pouvoir de tout temps qui nous permet de briser le silence que l’on a bien souvent, comme seul outil face à la souffrance.
Au fond même si je suis une privilégie, le chemin que j’ai emprunté a été dur, terrible parfois, sinuex et cela rejoignait en quelque sorte, le combat de mes sœurs. Ce mot ce soir, est un cri d’amour, un plaidoyer et une reconnaissance pour toutes ces femmes que j’ai rencontrées durant toutes ces années d’activisme. Le printemps des femmes est encore là, tout est à faire encore!
Mon deuil m’a obligée à sortir de la sphère publique et à fuir les vanités de mon métier, mais mon âme de guerrière est restée.
Je suis convaincue aujourd’hui plus qu’hier, qu’un monde durable ne peut exclure la meilleure moitié de l’humanité. Que cette même femme qui enfante le Monde, celle capable de donner à notre humanité la rédemption, doit sortir de certains marasmes politico juridiques et confessionnels.
Et dans les faits, l’histoire est autre. En Afrique être femme, est une condition qui porte en son sein certaines servitudes héritées d’une mentalité réfractaire et hostile à leur émancipation réelle.
Mais du Nord au Sud, les femmes ont un même combat, la parité et ce n’est pas encore gagné, même dans la société occidentale. A croire que le fait religieux et le conservatisme à l’égard du sexe dit « faible » prévaut et que les lenteurs sont les mêmes.
Il y a véritablement un gros travail à faire, dans les mentalités, pour justement ramener à sa juste place, la réflexion sur le rôle et le poids des femmes dans nos sociétés en pleine mutation. Je dédie cet éditorial du 8 mars 2023, à toutes mes sœurs africaines qui se battent au quotidien pour leurs droits et pour être des citoyennes à part égale dans leur société.
Je voudrais leur dire que oui, le monde, les religions, les coutumes, le désir masculin, les diverses crises économiques, politiques sociales, sanitaires nous touchent encore plus et nous fragilisent mais nous avons en nous dans tout cet HIVER un INVINCIBLE ETE!
Nous donnons la vie, nous donnons l’espoir, nous sommes considérées le problème alors que nous sommes la SOLUTION … et même si je sais ce combat solitaire, dure, banalisé, je tiens à dire merci AUSSI à tous ces hommes aussi qui soutiennent nos combats pour l’égalité, l’émancipation, le rejet de coutumes meurtrières et ancestrales dans certaines régions du Monde.
A tous ceux qui se mettent en danger pour nous sauver contre le viol, les mariages précoces, les féminicides et les inégalités quel qu’elles soient dans tous les domaines de la vie. Car seules par notre courage nous pouvons certes être redoutables si l’on a les moyens de nous en sortir. Mais avoir à nos côtes des hommes justes est une formidable bénédiction.
Et toutes ces choses qui font de nous des victimes non consentantes bien souvent, n’effacent pas pour autant notre incroyable capacité de continuellement se réinventer. De FEMME AFRICAINE NEW AFRICAN WOMAN à United Fashion for Peace, je sais notre incroyable inventivité et créativité, il suffit de croire en ses rêves de se battre et de ne jamais se marchander.
Oui j’ai perdu mon mari il y a trois ans, mon ancienne vie, j »ai été opérée six fois j’ai vécu cela dans la douleur la solitude et l’isolement du Covid et des diverses crises qui se sont succédées, j’ai perdu toutes les personnes du passé que je croyais dans mon cercle.
Mais j’ai grandi, je suis tombée puis me suis relevée plus forte. Oui je n’aurai jamais cru être un jour la « veuve’ et les « orphelins, je les ai défendus toute une vie, mais à présent c’était mon tour, mais avec personne pour me défendre. Alors oui, je sais la difficulté des femmes mères, célibataires, des familles monoparentales, des femmes qui seront toujours considérées comme des proies et des boucs émissaires dans un monde profondément masculin.
ET PARADOXALEMENT je suis encore plus puissante car j’ai survécu à l’injuste et l’impensable : la mort prématurée et violente d’un être aimé. Oui, nous avons un pouvoir incroyable sur le monde, nous les femmes et on ne nous le dit pas assez souvent.
On aime à nous présenter comme des statistiques mais nous sommes plus que cela. Il faut simplement savoir se recentrer, apprendre à l’utiliser et croire en soi et ne plus subir avec fatalité. UNIES ET UNIS nous sommes redoutables!
femmes JE VOUS AIME restez debout!
feriel Berraies Guigny
J’ai le privilège, l’immense Bonheur et la joie de connaître Feriel BERRAIES.
C’est une femme intelligente, rare, exceptionnelle dont peu d’êtres humains peuvent découvrir et apprécier toutes ses qualités humaines et de Cœur. Son intelligence supérieure, sa vibration intérieure, son domaine émotionnel rarissime font de FERIEL un Être qu’il convient de respecter, d’écouter plus que tout.
Si vous avez la chance de croiser son chemin de vie, alors mettez en application ce Vers d’Or de Pythagore :
« L’ami est un autre soi-même, il faut l’honorer comme un Dieu ».
J’ai la chance d’être son ami et mon seul désir c’est de le rester jusqu’à la fin de nos vies.
Jean CAPOUILLEZ
Feriel,tu es une fierté pr la Tunisie,le monde arabe et tour le reste