Au sud-ouest de Londres, il existe un véritable « triangle d’or » à explorer pour le touriste avisé.
Aux méandres de la Tamise, on peut partir à la découverte de quelques bijoux, de véritables
concentrés d’histoire, culture, ou architecture ; en quelque sorte, des expressions d’un « génie
du lieu » à l’anglaise, où se rencontrent artifice et nature pour le plus grand plaisir des yeux
et des sens.

Ballades bucoliques dans le magnifique parc royal
Commençons notre périple par Richmond Park, magnifique parc royal de plus de 900
hectares depuis Henry VIII, qui abrite des arbres centenaires ainsi que des troupeaux de
daims, jadis chasse gardée royale mais aujourd’hui en liberté et protégés pour le plus grand
bonheur des visiteurs, qu’ils soient en voiture, à pied ou à vélo. Ecosystème, lieu de détente et
étendue sauvage tout à la fois, Richmond Park constitue l’un des grands espaces verts si
chers aux anglais, aux alentours de Londres comme en plein cœur de la métropole. Le voir se
transformer au gré des saisons est un privilège en milieu péri-urbain, situé à quelques
encablures de la Tamise.

La nature ici est dans son plus bel écrin
Aimée et respectée la nature est chère aux anglais, les cerfs, biches et chevreuils font partie du paysage au point de se fondre dans le décor.
Prenez le temps de passer prendre un thé et des « scones », accompagnés de confiture de
fraise et « clotted cream » ( crème anglaise ) – une institution gastronomique.

A Pembroke Lodge, demeure historique et ancien domicile de Bertrand Russell, célèbre mathématicien et philosophe vous pourrez faire une hâlte.

Les curieux qui s’aventurent dans les jardins seront récompensés par une perspective insolite, pourtant bien cachée, tout droit sur St. Paul’s et la City de Londres avec ses gratte-ciels au loin : cherchez « King Henry’s Mound » en référence au roi. Evidemment, ceci n’est possible que par temps clément – on est en Angleterre tout de même; mais on ne peut pas admirer la verdure magnifique de l’Albion sans pluie, non plus.
La ville de Richmond est un endroit qui vaut le détour où beauté rime avec majesté des lieux.

Richmond, est d’ailleurs, également un point d’embarquement de la navette fluviale qui la relie à Hampton Court et son majestueux château style ’Tudor’Rennaissance, repris par Henry VIII au cardinale Wolsey (les Français connaissent bien la rivalité entre Henry VIII et François Ier).
A peine 40 minutes par bateau aux méandres de la Tamise, en passant par Kingston (et sa pierre de couronnement des rois saxons, pour les férus d’histoire) et vous retracez le même trajet paisible et bucolique que le roi faisait lors de ses déplacements depuis Londres. On dit que Sir Thomas More, favori déchu, fit le trajet dans le sens inverse pour rejoindre la Tour de Londres…

Le Château de Hampton Court Palace est un lieu historique vivant en toute saison: danses, musiciens et cérémonies de repas reconstitués à l’authentique (les cuisines avec leurs immenses feux de cheminées valent le détour, surtout en hiver!), ainsi que la salle du Jeu de Paume. N’hésitez pas à profiter du jardin (ou plutôt des jardins et le labyrinthe vert) qui jouxtent le fleuve, notamment l’allée de la vigne centenaire, planté par Lancelot ‘Capability’ Brown, le Lenôtre anglais (mes excuses aux puristes/ spécialistes), maitre du jardin à l’anglaise. Pour faire court, avec William Kent (avant) et Humphrey Repton (après) c’est
l’inventeur du « lanscaped garden » au XVIIIe. Le ‘génie’, ici, c’est à la fois le lieu naturel, celui qui s’en sert pour ‘planter des tableaux’ (l’artifice et le talent de Brown) ainsi que le promeneur (tout un chacun) qui le découvre à travers un parcours sensoriel.
Le troisième point d’intérêt (pour compléter notre « triangle ») n’en est pas un, en vérité, mais
plusieurs, qui dépendent des gouts, préférences et humeur de chacun.

A vous de choisir entre promenade tranquille par le chemin de halage vers Hampton avec son club de l’aviron (excellent petit-déjeuner anglais, entre-autre) et petits bateaux de plaisance, Eel Pie Island (la
Mecque pour les fans des 60s) où se sont produits the Yardbirds, the Stones, the Who et Pink Floyd). Sinon, pourquoi pas passer par Chiswick House, villa d’inspiration palladienne sur les pas de Lord Burlington ou Strawberry Hill, demeure de Horace Walpole, à la recherche de l’esthétique du XVIIIe?

Autrement, on peut tout simplement choisir de flâner, chiner dans les maintes boutiques d’antiquités et « charity shops » pour dénicher son bonheur dans les petites ruelles charmantes de Hampton Wick, là ou se côtoient pubs, cafés, bistrots et faune en tout genre.

Vous l’aurez compris, une telle escapade vaut largement le détour, de préférence à plusieurs reprises.
David THOMPSON